Des questions...

Un froissement d'ailes, un cri d'oiseau... Le pauvre volatile effrayé s'envolait au loin, essayant du mieux qu'il le pouvait de s'éloigner rapidement de la chose suspecte. Pauvre petit volatile qui avait du arrêter son magnifique chant pour fuire un ennemi potentiel, une de ces bêtes qui pourraient lui porter atteinte. Il était vrai qu'il n'avait pas l'habitude d'en voir toutes les journées qui faisaient ce monde. Son pauvre petit cœur de moineau avait entamé la danse folle de l'appréhension, si rapide et si imprévisible... Il aurait très bien pu avoir une crise.

Qu'est-ce qui avait provoqué cette peur si... terrifiante ? Qu'est-ce qui pouvait être si inhabituel pour que cela alerte un si bel oiseau ? Qu'est-ce qui pouvait être considéré comme un ennemi potentiel ? Un renard ? Non, c'était un animal que l'on voyait souvent... Un loup ? Non, même lui, il était assez commun... Un loup-garou ? Un chat garou ? Un griffon ? Un monstre ? Un ennemi ? ... Un homme ? ...

Allongé, les paupières closes, immobile et d'une beauté fantomatique, un jeune homme était apparu dans la clairière où chantait le moineau, effrayant au passage une dizaine d'autres petites bêtes de la forêt. Il avait de très longs cheveux noirs de jais, aux reflets rares, qui s'étiraient autour de lui comme de fines racines d'arbres. Son visage était ovale et évoquait celui d'un ange. Son nez fin, sa bouche tout aussi fine, relevaient de ceux des dieux. Si parfait, si beau et pourtant si... effrayant. Etait-ce le fait qu'il ressemblait à un être revenu des ténèbres qu'il faisait si froid dans le dos ?

Ouvrant les yeux, le jeune homme dévoila un regard d’un vert profond, une de ces couleurs qu’il était difficile d’oublier. Il cilla plusieurs fois en voyant le ciel illuminé, comme s’il n’était plus habitué à la lumière. Il se mit en position assise et, la tête toujours levée vers le haut, il eut une mine confuse.

Une incroyable migraine lui sonnait les tympans, et pourtant cela ne l’énervait guère. C’était à peine s’il était réellement confus de se retrouver dans un endroit qu’il n’avait jamais vu, de ne plus se rappeler de ce qu’il avait fait auparavant. Il n’y avait rien qui l’atteignait, pas même la beauté du paysage environnant. Le fait qu’il n’ait aucun souvenir, qu’il ne sache pas quoi faire, qu’il ne connaisse pas même son prénom ne l’affolait guère. Il était vide à l’intérieur, malgré la diversité des expressions de son visage qui ne cessait de s’afficher au fur et à mesure qu’il prenait conscience de son entourage extérieur.

Soudain, le garçon sursauta en s’apercevant de la présence de quelque chose d’étrange. Depuis son "arrivée" dans la clairière, une petite sphère de couleur noire ne cessait de tourner autour de lui, un peu comme un rapace tournait autour de sa proie. Le jeune homme aurait pu avoir le tournis si cette minuscule boule métallique ne s’était pas arrêtée subitement devant lui. Il la regarda avec perplexité, comme le ferait n’importe qui dans ce genre de situation. Qu’était-ce ? …

"-Bienvenu sur 4pir2 New-O."

La machine venait de laisser échapper cette phrase de manière si inattendue que le dénommé New-O écarquilla les yeux de surprises. Il aurait très bien pu se demander s’il n’était pas fou si seulement il avait réellement été surpris. Au fond de son être, il n’y avait aucun sentiment qui passait. Ni la tristesse, ni la joie. La petite sphère n’avait pas réussi à lui faire ressentir quelque chose d’humain. Au moins, grâce à elle, il savait désormais qui il était et où il était. Mais la question qui lui posait le plus de problèmes n’était pas facilement résoluble : pourquoi se trouvait-il ici ?

Il faisait très sombre. Les arbres, et leurs grand nombre de feuilles étouffaient la lumière. Entre ces immenses êtres centenaires, une petite silhouette pointa son nez. C'était une jeune filles petite et frêle. Sous sa cape noire tachée de boue et de sang on pouvait apercevoir son visage blanc. Une noble? Elle leva la tête pour regarder un oiseau qui fuyait vers le Sud. On pût distinguer ses yeux bruns. Elle sourit. Sûrement un nouvel arrivant. Elle avait également croisé un lapin et sa petite famille qui s'éloignait de la grande clairière. Il n'était pas rare que les nouveaux atterrissent là. Comment serai celui-ci? Le dernier qu'elle avait rencontré n'était pas téméraire pour un sous. Elle décida de se rapprocher. Elle aimait beaucoup parler aux nouveaux. Souvent ils étaient plus vieux qu’elle, mais ils se rendait tout de même compte qu’elle était dans le jeu depuis bien longtemps.

Elle continua sa progression à travers la forêt. Elle ne mit pas longtemps à rencontrer le rai de lumière qui filtrai entre les arbres. Elle arrivait à la clairière. Elle tenta d’alourdir ses pas. A présent n’importe quel humain quelque peux érudit pouvait entendre le bruit de ses bottes sur le tapis de feuille qui recouvrai le sol. Elle déboucha sur la clairière. Le nouveau était là allongé dans l’herbe. Le nouveau ou la nouvelle? Elle l’observa plus attentivement. Un nouveau! Il était allongé sur une couverture noire. Non! Ce n’était pas une couverture, mais bien ses cheveux. Alors elle, "la" nouvelle. Non il. Non elle. Elle n’en savait rien.

Elle s’approcha plus près. Il n’avait pas bougé d’un pouce. Elle contempla à nouveau cette beauté pur. Cet être avait une musculature qui évoquait immédiatement une grande puissance, mais aussi une finesse et une subtilité de mouvement évidente. Et son visage; si fin, si cristallin. Ses yeux était ouvert et scrutaient le ciel. Des ombres voilaient régulièrement ses yeux, comme des question agitant son âme. Elle se sentie soudain attiré par cette personne. Elle n’était sûrement pas la première. Un homme alors? Qui sait?

Elle se demanda si elle réussirait à détacher son regard de cet personne qui lui faisait se poser tant de questions. Pourtant ce n’était pas son genre de s’interroger à ce point. Que devait t’elle faire? Lui adresser la parole? Mais oui bien sûr elle était maître du jeu après tout! Mais non là ce n’était pas pareil que d’habitude. Et si elle disait une bêtise? Mais non elle n’en disait jamais, enfin pas plus que les autres...

Ça est elle avait trouvé! En réalité ce n’était pas un nouveau! Non! C’était un nouveau monstre conçu par Clio! Elle avait le chic pour inventer des choses celle là. Un monstre tellement beau, que l'on ne peux pas s'en méfier. Oui! C'était ça! Elle s’adressa à son arkéone:
« Arki! Donne moi la feuille de création de ce monstre.
-Ce n’est pas un monstre mademoiselle.
-Vraiment. Alors sort moi sa feuille de jeu.
-La voici mademoiselle. »
Elle n’avait pas l’habitude de lire les feuilles de présentation des nouveaux joueurs, mais là c’était un cas extrême. Elle tourna les yeux pour lire la fiche sur l’écran holographique que la boule en or venait de faire apparaître. Elle détourna les yeux. Non! Ce n’était pas drôle.
« Range la s’il te plait. »

Elle s’agenouilla auprès du nouveau, ses yeux fixaient toujours le ciel:
« Bonjour, mon nom est Calliope! »

Un étrange grésillement dans l’air se fit, provoqué sans doute par une voix humaine. Celle-ci possédait une intonation claire, amical, avec toutefois une pointe de tristesse et, si cela était possible, de pitié, qui résonna dans les oreilles de No comme une note de musique. Il se rendit alors compte que ce qu’il entendait était analysé avec beaucoup de soins par son cerveau qui lui envoyait les données obtenus comme à un ordinateur. Les informations lui parvenait rapidement, le prévenant d’un quelconque changement avant même que celui-ci n’arrive. Ainsi, comme un devin ou un robot, cela dépendait du point de vue, il pouvait deviner les futurs mouvements des êtres l’entourant sans pour autant être sûr de ses suppositions. Son cerveau lui disait qu’il avait 72, 83% de réussite dans ce domaine, son cœur, que ce genre de choses n’était pas normal, et son âme…

Avant l’arrivée de la jeune fille dans la clairière, New-O avait déjà remarqué qu’il pensait anormalement, que ses réflexions avaient beau venir de son cœur, elles ne le touchaient pas vraiment. Il avait alors compris qu’il avait peut-être un cerveau et un cœur, mais son âme, elle… Son âme l’avait quitté depuis longtemps. Elle l’avait laissé dans une totale indifférence, l’empêchant de ressentir, de voir, d’entendre comme un être normal… Certes, quelque part, cela lui permettait de ne pas être aveuglé par ses sentiments, de garder la tête froide. Mais ne disait-on pas que la plus grande force de l’homme se trouvait dans les tréfonds de son âme ?…

Au même moment où la jeune fille s’adressa à lui, New-O tourna son regard vers celle-ci, la dévisageant sans aucune gène. Il n’y avait aucune animosité dans ses yeux, ni aucune curiosité d’ailleurs. Pourtant, son visage avait beau exprimer toute une palette d’expressions, elles ne passaient pas dans ses yeux. Cela ne faisait que renforcer le sentiment de crainte qu’il inspirait, sans pour autant le rendre moins attirant. Au contraire, cela faisait parti de son charme.

La demoiselle qui était agenouillée à ses côtés avait l’air petite, même s’il était difficile d’en juger en étant allongé. Elle avait beau porter des vêtements d’une saleté repoussante, elle inspirait la beauté et le respect. Son visage était légèrement caché par la capuche de sa cape, mais on distinguait toutefois un regard noisette plein de malice. Nul doute que cette fille était énergique et bien entourée. Elle devait faire partie de la noblesse, vu son maintien. Cependant, un petit détail attira No plus que son physique…

*Cette odeur…*

Le jeune homme se releva avec une rapidité fulgurante et s’assit en face de la jeune fille. Il approcha son visage du sien et, tout aussi rapidement qu’il s’était relevé, il enleva la capuche de la demoiselle. Il put admirer un jolie minois, un de ceux qui inspirait immédiatement la sympathie. Comme il l’avait deviner, elle avait des yeux noisettes qui devaient pétiller de malice en temps normal. Mais là, il n’y avait aucun bonheur à l’intérieur de ses pupilles. Comme si elle avait vu bien plus de malheurs que n’importe qui dans cette endroit…

*Cette odeur…*

No passa sa main sur la joue de la damoiselle avant de remonter à ses tempes. Puis, il la fit monter jusqu’à ses cheveux et la redescendit en suivant les ondulations de sa chevelure. Il n’avait pas l’air très gêné par ce contact. Il avait l’étrange impression de n’avoir plus rencontré quelqu’un d’humain depuis plusieurs années et essayait de s’habituer à sa présence. Il attrapa une poignée de cheveux avec délicatesse et l’approchant de son nez, se mit à respirer l’odeur de miel de lavande qui ne cessait de l’intriguer depuis l’arrivée de la jeune fille. Il adorait cette odeur.

« -Mmh… »

Lorsqu’il s’approcha d’elle et commença a enlever sa capuche, elle douta quelque peu de ses intentions. D’ailleurs elle n’avait pas tord. Elle était supérieure à lui, il fallait qu’elle lui dise, comment un nouveau pouvait-il agir comme ça! C’était outrant. Il commença a lui caresser la joue. Elle voulu l’arrêter, mais elle ne pouvait pas. Ça main était tellement douce, son geste tellement tendre que son cœur se serra. Il descendit lentement. Elle le regardait droit dans ces yeux, cherchant ce qu’il pensait au plus profond de son regard. Mais elle ne trouva rien. C’était vide.

Il pris ses cheveux dans ses mains et huma leur odeur. Un murmure de plaisir sorti de sa bouche. Qu’est-ce qu’il pouvait bien sentir. Calliope ne connaissait pas son odeur. Elle ne se sentait pas elle-même évidemment. C’était si agréable que ça? Un peu de fierté l’emplie, elle sentait bon! Et cela plaisait à un garçon assez séduisant. Elle sourit et devint rouge, enfin, un peu!

Elle se ressaisit enfin, elle tira sa tête vers l’arrière pour défaire ses mèche de cheveux bruns de l‘emprise des mains de l‘inconnu. Elle se leva en tentant tant bien que mal de ne pas paraître troublée. Elle se releva et épousta ses vêtements juste pour la forme, car ils étaient tellement sales que cela ne servait pas à grand-chose elle abandonna et enleva sa cape: trop vieille, trop moche, elle ne pouvait pas la garder une heure de plus, elle s‘en rachèterait une, ou se débrouillerai pour se la faire payer. Ce n‘est pas parce que l‘on est maître du jeu que l‘on est riche, loin de là. Le long morceau de tissu retomba mollement sur le sol, peut-être ferait-il le bonheur d‘un voyageur qui la trouverait là en temps de pluie.

A présent on apercevait les épaules de la jeune filles. Sa peau dorée était éclairée par le soleil qui perçait dans la clairière. Ses armes aussi étaient à découvert, pas bête! Peut être que le fait de voir qu’elle savais combattre le ferai réagir. Elle regarda de nouveau le garçon. Mais il ne tilta pas, rien pas un geste! Mais qui était-ce pour être si peut actif, en général les nouveaux était électriques, et avaient pour seule envie de se battre et de découvrir le jeu. Souvent cela était synonyme d’assouvir son premier échec. C’était assez drôle et il y avait de nombreuses videos de ces premières fois dans les étagère de l’île de contrôle. Parfois les maître se les passaient pour se calmer un peu. Heureusement tous les joueurs n’étaient pas tués la première fois, sinon le jeu n’aurait pas grand intérêt.

Voyant le peu d’activité de garçon elle se décida une nouvelle fois à décoincer la situation, mais c’était vraiment la dernière fois, si il ne faisait rien elle avait décidé qu’elle s’en irait immédiatement, sans rien lui dire. Nan mais!

« Je suis Calliope maître du jeu, et tu me dois le respect. »

Elle adorait dire ça, en général elle l’accompagnait d’un geste élégant avec sa cape, mais là… …bon tant pis pour le geste magistrale. Elle attendait une réponse de sa part, une marque de respect. Peut-être allait t’il se relever et s’incliner ou encore s’excuser platement, ou rougir.

Tandis qu’elle attendait ce la le ciel devint gris et le rayon qui les réchauffaient jusque là disparut. Quelques gouttes se mirent à tomber. Arg! C’était Clio qui avait régler la météo et on avait l’impression qu’elle s’était débrouillée pour que le mauvais temps tombe toujours au bon moment, au bon endroit. D’ailleurs Calliope la soupçonnait d’être tranquillement assise devant son panneau de contrôle en train de pianoter et de changer les nuages juste pour l’embêter. Elle avait envie de hurler ou de lui envoyer un bon gros méchant message par arkéone.

Mais elle ne le fit pas, elle se concentra sur son interlocuteur. Elle l’espérait, n’avait pas ressentie sa colère intérieure bien qu’elle soit minuscule. Il n’avait pas encore bougé, pas encore répondu. Qu’attendait-il, elle n’avait pas la journée, et puis cette pluie! Pourquoi avait-elle laché sa cape maintenant elle avait froid! Et elle commençait à être mouillée.